vendredi 17 octobre 2014

Les drôles (1)

Ces vieux livres, écrits par de vieux savants depuis longtemps poussière. Leurs livres, eux, ont été soigneusement conservés, et aujourd'hui je les lis. Je suis peut-être la première depuis longtemps. Nous n'avons pas été nombreux ces derniers siècles à nous intéresser à ces auteurs. Pourtant aujourd'hui je les lis, ils vont faire l'objet d'un travail universitaire, et j'ai dans l'idée de montrer leur intérêt. Exhumer ces vieilles pages de leur sommeil poussiéreux et leur redonner vie à la lumière.

Mais quelque chose me gratte.
Ces vieux savants, si leurs écrits sont intéressants, c'est parfois parce qu'ils sont d'une colossale absurdité.
Si leurs ouvrages ont été conservés, c'est qu'ils étaient, en leur temps, des sommités.
A l'époque où ils écrivent, aucune femme n'aurait pu exercer leur métier, encore moins avoir leur statut.
De lourds traités écrits par de vieux imbéciles, donc, et qui ne doivent leur pérennité qu'au fait que leurs auteurs sont des hommes.

En choisissant de les étudier, ne suis-je pas le dernier maillon en date de la longue chaîne de ceux qui ne considèrent comme intéressants que les écrits des vieux mâles blancs hétérosexuels ?

Ou plus simplement : pourquoi consacrer mon énergie à faire survivre l'oeuvre des mâles, toujours des mâles ?

Me voici pour trois ans les deux mains dans l'injustice des siècles.

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