La dernière fois que la mode m'a tentée, c'était à l'automne 2005.
Cette année-là il n'y avait que dentelles, velours dévorés et rubans voluptueux. Des camées, du cuivre, du cuir souple, du bleu nuit, du brun chaud, des camaïeux ternes si délicats, de faux corsets, des lacets, des décolletés intéressants, des coupes qui enserraient la taille et flattaient les hanches, très féminines. C'était confortable et excitant tout à la fois.
Je remplissais mes armoires de jupons et de volants pour vous plaire. Je crois que cela vous plaisait. Je ne sais pas trop. Après tout, je passais la plupart du temps avec vous déshabillée, et vous n'étiez pas homme à faire des compliments.
Et puis il y avait eu cette affaire curieuse, au milieu de la saison : le blocage des imports de Chine. Et les riches manteaux, vestes, robes, chemisiers à jabots de l'hiver avaient été remplacés à la va-vite par de piteuses copies, de piètre qualité, cousues en catastrophe au Maroc ou en Turquie, tant déjà les bornes avaient été passées.
Je ne sais si cet épisode sera, plus tard, considéré comme historique.
Au printemps suivant apparaissaient pour la première fois ces silhouettes de robots, leggings et robes-trapèzes. Je commençais à réfléchir à l'éthique des textiles chinois. Quoi qu'il en soit, vous n'étiez plus dans les parages. Plus jamais depuis je n'ai été tentée de suivre la mode.
S'il est vrai qu'il y a autant de faiblesse à fuir la mode qu'à l'affecter, comme dirait l'autre, et bien... j'avoue ma faiblesse.
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