Cela fait longtemps maintenant que nous nous connaissons et pourtant chaque fois c'est comme la première fois. Cette première fois où rien n'est encore décidé, où l'on n'est pas sûr de plaire. Où l'on se voit en sachant que quelque chose peut se passer, sans que ce soit gagné d'avance, où l'on sait qu'il va falloir oser sortir de la tétanie, surmonter sa timidité et la peur du râteau. Délicieuse incertitude.
Je frappe à ta porte, tu ouvres et nous ne nous jetons pas l'un sur l'autre pour mêler nos langues. Non. On se fait la bise. On se demande si ça va. Il y a toujours une sorte de réserve, de timidité. Nous ne nous prenons même pas dans les bras. J'en aurais pourtant envie, mais c'est comme si j'ignorais que toi aussi. Ta présence me plonge instantanément dans le désir et le doute à la fois.
Nous commençons par discuter entre bons amis, avec ce sous-texte du désir entre nous, que nous ignorons superbement. Il n'y a pas d'accord tacite. Nous auront à reparcourir tout le chemin. Mamihlapinatapai. Nous passons un long moment comme ça, souvent plusieurs heures, sans nous toucher, prenant plaisir à être ensemble. Nous nous jetons des regards en coin. Nous prenons le temps de sentir si nous nous plaisons encore. Avec en arrière-plan cette tension dans le ventre - comment amener le sujet ? Et est-ce le sujet finalement ? - mais seulement en arrière-plan.
Parce que nous ne nous voyons pas pour faire l'amour. Mais il est rare, pourtant, qu'à un moment ou à un autre l'un de nous deux n'initie pas le contact. Timidement, comme si c'était la première fois. Toucher les mains, masser les épaules. Comme une proposition, comme une question. Un premier contact non-érotique qui pourra ou non être saisi comme une occasion d'aller plus loin. Ecouter la réponse, sentir la réaction. Laissant la porte ouverte à un "non" qui pourtant n'arrive jamais.
Et le premier baiser, alors, est toujours frais et intense comme si nous réalisions pour la première fois que notre désir est partagé. Nous nous embrassons timides, avec précautions, avec délicatesse, les lèvres parcourues de délicieux frissons à mesure que toute cette tension accumulée trouve peu à peu son accomplissement. Nous nous accueillons avec surprise et émotion.
Cette incertitude, ce sentiment que l'autre n'est réellement jamais acquis. Ce manque de confiance réciproque dans le désir de l'autre. Cela m'amuse de remarquer, grands maladroits, comme nous nous retrouvons à la case départ - à chaque fois, à chaque fois.
mardi 23 février 2016
dimanche 21 février 2016
Le goût de l'angoisse
Comment t'expliquer l'angoisse, si tu ne l'as jamais connue ?
Tout ce que je pourrai faire, c'est essayer de te décrire à quoi ressemble la mienne. Car deux personnes jamais ne la vivent de façon exactement semblable ; elle varie en ses causes comme en ses manifestations ; et c'est pourquoi l'on vit parfois longtemps cette angoisse sans lui donner son nom, tant l'expérience est éloignée des définitions que l'on peut en lire.
Tu vois cette sensation que tu ressens au niveau du diaphragme à la veille de quelque chose d'important - un entretien, ou une présentation exigeante, que tu n'es pas certain-e de réussir ?Cette tension faite de peur et d'excitation, poussée à un point pénible, qui te coupe l'appétit et te donne la nausée ? Pour moi, l'angoisse, c'est comme avoir cette sensation - mais sans pouvoir lui assigner une cause : il n'y a rien le lendemain, ni entretien, ni présentation, rien.
Une appréhension vide.
Elle pourrait ressembler à certaines formes anxieuses de la joie, comme l'excitation que tu ressens à l'approche d'un rendez-vous avec une personne aimée, lorsque tu ne sais pas encore si c'est réciproque et que tu prévois de lui dévoiler tes sentiments ; ou encore cette inquiétude mêlée de désir qui te point au creux du ventre certains soirs où se fait sentir l'approche du printemps.
Mais l'angoisse ressemble à la joie anxieuse un peu à la manière d'un fruit pourri, où l'on reconnaît exactement le goût du fruit sain, mais poussé à l'extrême et corrompu jusqu'à l'infection. C'est par cette ressemblance que l'angoisse peut s'inviter dans la joie, ou la joie convoquer l'angoisse - de même que le goût du fruit sain longtemps ramènera avec lui, par contigüité, le souvenir atroce du fruit pourri.
Tout ce que je pourrai faire, c'est essayer de te décrire à quoi ressemble la mienne. Car deux personnes jamais ne la vivent de façon exactement semblable ; elle varie en ses causes comme en ses manifestations ; et c'est pourquoi l'on vit parfois longtemps cette angoisse sans lui donner son nom, tant l'expérience est éloignée des définitions que l'on peut en lire.
Tu vois cette sensation que tu ressens au niveau du diaphragme à la veille de quelque chose d'important - un entretien, ou une présentation exigeante, que tu n'es pas certain-e de réussir ?Cette tension faite de peur et d'excitation, poussée à un point pénible, qui te coupe l'appétit et te donne la nausée ? Pour moi, l'angoisse, c'est comme avoir cette sensation - mais sans pouvoir lui assigner une cause : il n'y a rien le lendemain, ni entretien, ni présentation, rien.
Une appréhension vide.
Elle pourrait ressembler à certaines formes anxieuses de la joie, comme l'excitation que tu ressens à l'approche d'un rendez-vous avec une personne aimée, lorsque tu ne sais pas encore si c'est réciproque et que tu prévois de lui dévoiler tes sentiments ; ou encore cette inquiétude mêlée de désir qui te point au creux du ventre certains soirs où se fait sentir l'approche du printemps.
Mais l'angoisse ressemble à la joie anxieuse un peu à la manière d'un fruit pourri, où l'on reconnaît exactement le goût du fruit sain, mais poussé à l'extrême et corrompu jusqu'à l'infection. C'est par cette ressemblance que l'angoisse peut s'inviter dans la joie, ou la joie convoquer l'angoisse - de même que le goût du fruit sain longtemps ramènera avec lui, par contigüité, le souvenir atroce du fruit pourri.
vendredi 12 février 2016
Je caresse une idée
Je n'aime pas les godes réalistes. Ils me répugnent vaguement, comme un sexe d'exhibitionniste, un sexe qui s'impose dans sa particularité sans avoir demandé la permission. J'aime la variété des physionomies des sexes masculins, et il y a ici un bel effort pour varier. Mais ce que j'aime surtout, dans la particularité d'un sexe, c'est que ce soit le sexe de quelqu'un, qu'il fasse partie d'une personne. Avec un gode, comment choisir entre telle ou telle forme ? Ce n'est le sexe de personne. C'est un peu triste. Alors j'aime autant une forme qui rappelle tout sauf un sexe.
Même chose pour les couleurs. Je bloque sur les couleurs réalistes. Les couleurs chair sont tristes et flasques, les couleurs noires sont coloniales, dégradantes. Je fantasmerais plus facilement sur un gode vert fluo, qui au moins n'est pas raciste.
Je caresse un moment l'idée, puis je passe.
Même chose pour les couleurs. Je bloque sur les couleurs réalistes. Les couleurs chair sont tristes et flasques, les couleurs noires sont coloniales, dégradantes. Je fantasmerais plus facilement sur un gode vert fluo, qui au moins n'est pas raciste.
Je caresse un moment l'idée, puis je passe.
jeudi 11 février 2016
Mon homme intérieur
Ce n'est pas mon homme intérieur qui fait de la menuiserie, change les roues de voiture ou porte les cheveux courts. Je n'ai pas besoin d'un homme pour cela.
Ce n'est pas davantage mon homme intérieur qui me rend forte. Pourquoi la force serait-elle nécessairement masculine ?
Avoir un homme intérieur, ce n'est pas avoir un macho intérieur. Mon homme intérieur ne se reconnaît pas dans une masculinité agressive.
Mon homme intérieur est non-violent.
Mon homme intérieur ne participe pas au concours de bites.
Mon homme intérieur parle doucement, écoute beaucoup.
Mon homme intérieur regarde les choses longuement et avec attention.
Mon homme intérieur est un peu trop sérieux parfois (heureusement que je suis là pour faire des blagues).
Mon homme intérieur est un "mec bien".
Mon homme intérieur questionne ses privilèges.
Mon homme intérieur est timide avec les femmes. Mon homme intérieur est timide tout court.
Mon homme intérieur est bi. Ça nous fait deux points communs.
Mon homme intérieur est Versaillais.
Mon home intérieur est pas super sportif.
Mon homme intérieur a parfois peur de sentir mauvais.
Mon homme intérieur n'est pas à l'aise en société.
Mon homme intérieur est beaucoup moins complexé maintenant qu'il y a quelques années.
Mon homme intérieur apprécie la coupe ample et les larges poches des vêtements masculins, qui lui permettent une grande liberté de mouvement et de trimbaler plein de trucs sans avoir à s'encombrer d'un sac. Ah non ça en fait c'est moi.
Mon homme intérieur aime bien les zeugma, mais n'est jamais trop sûr de savoir comment les construire.
Mon homme intérieur espère être aimé pour lui-même, et accepté tel qu'il est.
Mon homme intérieur se fait des clins d’œil dans la glace.
Mon homme intérieur assume sa part de féminité.
lundi 8 février 2016
Trop verts, et bons pour les goujats
Je te raconte à quel point j'aime mes cheveux courts.
Et toi, là, tu glisse au passage que quand même, un carré, ça m'allait tellement mieux.
Et puis tu y reviens, régulièrement, de façon insidieuse.
Ça me fait grincer des dents.
Tu évoques cette période de mon existence depuis longtemps révolue, où j'étais si jolie. Est-ce que tu vas me demander de redevenir plus jeune, aussi ?
En faisant ça, on pourrait prétendre que tu ne fais que manifester que je te plais. Toi-même, tu en es certainement convaincu. Si tu te préoccupes de ce qui me rendrait le plus belle, c'est bien que je te plais, non ?
Mais non. J'ai pas besoin de ça pour le savoir, que je te plais. Que je te plais même avec mes cheveux courts de garçon. Que je te plais beaucoup, même. Ça transpire de partout dans nos conversations.
Mais là, ce que tu es en train de dire, c'est quelque chose de différent, et c'est étrange : tu es en train de me dire que je ne te plais pas assez. Tu es en train de m'indiquer comment te plaire davantage. Comme si je ne te plaisais pas déjà suffisamment ! Alors que je ne suis même pas sûr que tu me plaises, toi !
C'est drôle, tu sais, cette attitude. C'est curieux. Je me demande comment tu t'autorises. A essayer de me dicter mon apparence. On est même pas ensemble. Ça te rendrait pas plus légitime à le faire à mes yeux, remarque. Mais là, comment tu t'autorises ? Je vois pas autre chose que : parce que je te plais.
C'est assez énorme. Paradoxal. Du fait que je te plais, tu te sens autorisé à m'envoyer des injonctions pour que je te plaise encore davantage. Comme si, en te plaisant, je commençais déjà à t'appartenir un peu. Comme si ça réveillait chez toi des démangeaisons propriétaires.
Mais personne ne me possède, vois-tu.
Personne ne me dit comment m'habiller, me coiffer, me comporter, personne ne me fait rentrer dans des crasses de boîtes pour ses beaux yeux. Personne ne me somme de correspondre à ce qu'il considère comme une femme pour lui plaire.
Te plaire est beaucoup moins important que me plaire moi-même.
J'ai pas à te séduire. Si d'aventure je te plaisais pas, eh beh je me ferais une raison, tu sais. Je me contenterais de plaire à ceux à qui je plais.
Tu serais déjà tellement chanceux si tu pouvais m'avoir là, comme je suis, avec mes cheveux courts, mes pantalons, mon absence de maquillage et mes aisselles poilues. Parce que je suis géniale comme ça. Tu le sais, en fait. Je te plais. Je te plais beaucoup trop. Tellement trop que tu as perds le contrôle, et pour avoir l'illusion de le reprendre un peu, tu te sens obligé de me demander de changer.
Mais tu vois, ça n'arrivera pas. Je vais rester comme je suis : extraordinaire. Et toi, tu vas rester tout seul.
Et toi, là, tu glisse au passage que quand même, un carré, ça m'allait tellement mieux.
Et puis tu y reviens, régulièrement, de façon insidieuse.
Ça me fait grincer des dents.
Tu évoques cette période de mon existence depuis longtemps révolue, où j'étais si jolie. Est-ce que tu vas me demander de redevenir plus jeune, aussi ?
En faisant ça, on pourrait prétendre que tu ne fais que manifester que je te plais. Toi-même, tu en es certainement convaincu. Si tu te préoccupes de ce qui me rendrait le plus belle, c'est bien que je te plais, non ?
Mais non. J'ai pas besoin de ça pour le savoir, que je te plais. Que je te plais même avec mes cheveux courts de garçon. Que je te plais beaucoup, même. Ça transpire de partout dans nos conversations.
Mais là, ce que tu es en train de dire, c'est quelque chose de différent, et c'est étrange : tu es en train de me dire que je ne te plais pas assez. Tu es en train de m'indiquer comment te plaire davantage. Comme si je ne te plaisais pas déjà suffisamment ! Alors que je ne suis même pas sûr que tu me plaises, toi !
C'est drôle, tu sais, cette attitude. C'est curieux. Je me demande comment tu t'autorises. A essayer de me dicter mon apparence. On est même pas ensemble. Ça te rendrait pas plus légitime à le faire à mes yeux, remarque. Mais là, comment tu t'autorises ? Je vois pas autre chose que : parce que je te plais.
C'est assez énorme. Paradoxal. Du fait que je te plais, tu te sens autorisé à m'envoyer des injonctions pour que je te plaise encore davantage. Comme si, en te plaisant, je commençais déjà à t'appartenir un peu. Comme si ça réveillait chez toi des démangeaisons propriétaires.
Mais personne ne me possède, vois-tu.
Personne ne me dit comment m'habiller, me coiffer, me comporter, personne ne me fait rentrer dans des crasses de boîtes pour ses beaux yeux. Personne ne me somme de correspondre à ce qu'il considère comme une femme pour lui plaire.
Te plaire est beaucoup moins important que me plaire moi-même.
J'ai pas à te séduire. Si d'aventure je te plaisais pas, eh beh je me ferais une raison, tu sais. Je me contenterais de plaire à ceux à qui je plais.
Tu serais déjà tellement chanceux si tu pouvais m'avoir là, comme je suis, avec mes cheveux courts, mes pantalons, mon absence de maquillage et mes aisselles poilues. Parce que je suis géniale comme ça. Tu le sais, en fait. Je te plais. Je te plais beaucoup trop. Tellement trop que tu as perds le contrôle, et pour avoir l'illusion de le reprendre un peu, tu te sens obligé de me demander de changer.
Mais tu vois, ça n'arrivera pas. Je vais rester comme je suis : extraordinaire. Et toi, tu vas rester tout seul.
mardi 2 février 2016
Note aux utilisateurs
(1) Frotter vigoureusement ma chatte de haut en bas n'est pas sexy, mais : incroyablement douloureux. Mes petites lèvres sont faites d'une peau très fine et délicate, les léser met en péril les ébats à venir.
(2) Car non : je ne continue pas quand je suis si irritée que ça me fait mal. C'est comme ça. Faudra vous y faire.
(3) Mon clitoris n'est pas là, mais là.
(4) ON Y MET PAS LES ONGLES, FOUTRE DIEU !!!
(5) Si vous mettez trèèèèèèèèès longtemps à jouir, il y a certainement un moment où je dirai stop. C'est pas que je m'ennuie, pas de la mauvaise volonté non plus, c'est que les dix minutes de plus qu'il vous faudra pour aller au bout, pour moi ça veut dire douleur, serrer les dents (pas mon idée du plaisir) et des lésions qui mettront des jours à cicatriser. Donc prenez-vous en charge, merde.
(6) Il y a plein d'endroits du corps autres que les organes génitaux qui sont jolis, agréables à toucher et fournisseurs officiels de plein de plaisir. Je parle pas de mon corps, là, mais du vôtre. Alors arrêtez donc de vous focaliser sur votre bite, ya plein de manières de faire l'amour.
(7) Je n'accepte pas de faire du sexe avec vous pour vous rendre un service. Je le fais parce que j'en ai envie et que ça me fait plaisir. Si ça ne me fait plus plaisir ni envie, point. Inutile de chercher à négocier, et j'arrive pas à croire que j'aie besoin de préciser ça.
(8) Essayer de me culpabiliser en me disant que "c'est dans la tête" n'est pas une bonne idée.
(9) Grommeler dans votre barbe que je vous le paierai non plus.
(10) Perso, le hate sex, c'est pas mon truc. Du coup je vais essayer fort de pas vous haïr, mais facilitez-moi un peu la tâche, s'il vous plaît, merci.
(2) Car non : je ne continue pas quand je suis si irritée que ça me fait mal. C'est comme ça. Faudra vous y faire.
(3) Mon clitoris n'est pas là, mais là.
(4) ON Y MET PAS LES ONGLES, FOUTRE DIEU !!!
(5) Si vous mettez trèèèèèèèèès longtemps à jouir, il y a certainement un moment où je dirai stop. C'est pas que je m'ennuie, pas de la mauvaise volonté non plus, c'est que les dix minutes de plus qu'il vous faudra pour aller au bout, pour moi ça veut dire douleur, serrer les dents (pas mon idée du plaisir) et des lésions qui mettront des jours à cicatriser. Donc prenez-vous en charge, merde.
(6) Il y a plein d'endroits du corps autres que les organes génitaux qui sont jolis, agréables à toucher et fournisseurs officiels de plein de plaisir. Je parle pas de mon corps, là, mais du vôtre. Alors arrêtez donc de vous focaliser sur votre bite, ya plein de manières de faire l'amour.
(7) Je n'accepte pas de faire du sexe avec vous pour vous rendre un service. Je le fais parce que j'en ai envie et que ça me fait plaisir. Si ça ne me fait plus plaisir ni envie, point. Inutile de chercher à négocier, et j'arrive pas à croire que j'aie besoin de préciser ça.
(8) Essayer de me culpabiliser en me disant que "c'est dans la tête" n'est pas une bonne idée.
(9) Grommeler dans votre barbe que je vous le paierai non plus.
(10) Perso, le hate sex, c'est pas mon truc. Du coup je vais essayer fort de pas vous haïr, mais facilitez-moi un peu la tâche, s'il vous plaît, merci.
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