Dans la nuit qui voile les formes et développe les odeurs j'ai reconnu le parfum de ses fleurs avant de les distinguer : un paulownia ; et si je connais l'odeur et le nom du paulownia, c'est qu'il y a des années sur une place ma grand-mère avait dit en passant que c'était l'arbre préféré de sa mère à elle, ma bisaïeule, et décrit comme enfant avec ses amis ils ramassaient les fleurs tombées et les enfilaient sur leurs doigts comme des doigts de gants.
Autant que les parfums, je n'oublie pas ces détails-là.
Dans l'odeur douce et funèbre du paulownia, dans la nuit, je porte la mémoire d'une morte qui porte la mémoire d'une autre morte. Lorsqu'à mon tour je m'éteindrai, ces mémoires enchâssées disparaîtront avec moi. Ce n'est pas grave. Ce sont odeurs de fleurs. Mais tant que je respire, tant que je vis, je tiens en moi caché et vivant ce qui patiente dans le parfum des paulownias.
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