Quel dom attend sa soumise en jogging et sans s'être brossé les dents ?
lundi 27 avril 2015
mercredi 15 avril 2015
Jane Eyre
Ecorné, froissé, usé aux arrêtes. Un vieux poche Penguin qui a beaucoup vécu. Pourtant c'est un des livres les plus précieux de ma bibliothèque.
Sur la seconde de couverture, une dédicace qui a vingt ans presque jour pour jour, comme mon amitié avec cette Anglaise qui me l'a offert le jour de notre rencontre et qui a été si importante dans ma vie. Tout aurait été différent sans doute. Adolescentes, elle était si jolie et moi tellement laide, et pourtant c'est son regard bienveillant qui m'a pour la première fois fait comprendre que je n'étais pas un monstre.
A l'autre bout, sur la troisième de couverture, un nom, une adresse, un téléphone, de la main de celui dont c'était. Je suis tombée amoureuse de lui en lisant enfin ce livre offert quatre ans auparavant. Je ne suis pas sûre qu'il m'aurait tant attirée sans la fascination du roman ; mais il faisait un assez bon Rochester avec son visage singulier et sombre, sa taille moyenne, sa poitrine large et ses manières un peu hautaines. Quant on a finalement été tous les deux dans ma chambre d'étudiante il m'a saisie sans tendresse, sans me laisser le temps d'avoir envie, et a montré de l'humeur quand plus tard j'ai dû lui demander d'arrêter parce que j'avais trop mal. C'est le premier qui m'a fait sentir que l'homme qui te plaît ne te veut pas forcément du bien.
Entre les deux, Jane Eyre. La lecture de ce roman donne tant de force. Jane est si forte tête, si puissante d'esprit et de caractère. Par temps d'orage, le style ample et décidé de Brontë apporte tant de consolation. Tant de chaleur.
Elle est le pharmakon. Selon comment tu le prends, le remède ou le poison.
Sur la seconde de couverture, une dédicace qui a vingt ans presque jour pour jour, comme mon amitié avec cette Anglaise qui me l'a offert le jour de notre rencontre et qui a été si importante dans ma vie. Tout aurait été différent sans doute. Adolescentes, elle était si jolie et moi tellement laide, et pourtant c'est son regard bienveillant qui m'a pour la première fois fait comprendre que je n'étais pas un monstre.
A l'autre bout, sur la troisième de couverture, un nom, une adresse, un téléphone, de la main de celui dont c'était. Je suis tombée amoureuse de lui en lisant enfin ce livre offert quatre ans auparavant. Je ne suis pas sûre qu'il m'aurait tant attirée sans la fascination du roman ; mais il faisait un assez bon Rochester avec son visage singulier et sombre, sa taille moyenne, sa poitrine large et ses manières un peu hautaines. Quant on a finalement été tous les deux dans ma chambre d'étudiante il m'a saisie sans tendresse, sans me laisser le temps d'avoir envie, et a montré de l'humeur quand plus tard j'ai dû lui demander d'arrêter parce que j'avais trop mal. C'est le premier qui m'a fait sentir que l'homme qui te plaît ne te veut pas forcément du bien.
Entre les deux, Jane Eyre. La lecture de ce roman donne tant de force. Jane est si forte tête, si puissante d'esprit et de caractère. Par temps d'orage, le style ample et décidé de Brontë apporte tant de consolation. Tant de chaleur.
Elle est le pharmakon. Selon comment tu le prends, le remède ou le poison.
lundi 13 avril 2015
Contre les sapiosexuels
J'aime l'intelligence. Une conversation intellectuellement stimulante, ça m'excite, et ça m'attache. Mais ce terme nouvellement apparu de sapiosexuel que vous brandissez comme une pancarte ONLR, ça me glace.
Parce qu'aimer l'intelligence c'est bien, mais n'aimer que l'intelligence, c'est borné.
Surtout quand par "intelligence" on veut dire "longues études". Et surtout quand par "longues études" on veut dire "milieu aisé, classe sociale élevée", comme c'est particulièrement le cas outre-atlantique, d'où vient ce terme.
Et voilà, sous un apparent discours anti-discriminations fondées sur le physique, on trouve une bien belle discrimination anti-pauvres.
Et par-dessus tout cela, qui se vante d'être sapiosexuel ne veut parler qu'aux gens qui se savent et se disent intelligents. Voilà, vous saisissez la faille. Les timides, les modestes, les complexés, les trésors cachés, que pouic.
Si vous aussi la consanguinité autosatisfaite des CSP+ vous rend malades, laissez-les donc consanguiner en paix et regardez plutôt Carnage, de Roman Polanski et d'après Yasmina Reza, qui s'occupe très bien de leur cas. C'est extrêmement satisfaisant. Intellectuellement parlant, s'entend.
Parce qu'aimer l'intelligence c'est bien, mais n'aimer que l'intelligence, c'est borné.
Surtout quand par "intelligence" on veut dire "longues études". Et surtout quand par "longues études" on veut dire "milieu aisé, classe sociale élevée", comme c'est particulièrement le cas outre-atlantique, d'où vient ce terme.
Et voilà, sous un apparent discours anti-discriminations fondées sur le physique, on trouve une bien belle discrimination anti-pauvres.
Et par-dessus tout cela, qui se vante d'être sapiosexuel ne veut parler qu'aux gens qui se savent et se disent intelligents. Voilà, vous saisissez la faille. Les timides, les modestes, les complexés, les trésors cachés, que pouic.
Si vous aussi la consanguinité autosatisfaite des CSP+ vous rend malades, laissez-les donc consanguiner en paix et regardez plutôt Carnage, de Roman Polanski et d'après Yasmina Reza, qui s'occupe très bien de leur cas. C'est extrêmement satisfaisant. Intellectuellement parlant, s'entend.
jeudi 9 avril 2015
L'amour du vide
Assise à mon balcon, profitant du soleil et de la vue, et c'est magnifique. Par très beau temps, on voit le Mont-Blanc. Il n'y avait pas encore eu de si beau temps. Et c'est pas juste "Oh, tiens, le Mont-Blanc." C'est très impressionnant, si proche, une méchante chaîne de crocs aiguisés à l'assaut du ciel bleu, encore couverts de neige, fantomatiques et acérés sous le soleil.
Assise à mon balcon et pas tout à fait tranquille. Je ne peux pas m'empêcher de remarquer que mon corps n'est pas posé détendu sur la chaise, mais blotti crispé contre le mur, le plus loin possible de la rambarde en fer et du vide de quinze mètres au-delà. Et que ma peur n'est pas tant de tomber que de me jeter irrépressiblement dans le vide. De même mon écriture sur la page se tasse du côté opposé à la chute.
Assise à mon balcon, profitant du soleil, interrogeant du bout de la pensée mon inquiétude quant à la solidité de ce balcon dont je n'ai aucune raison de douter, et qui pourtant revient avec constance. Mais le plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu’il ne faut pour marcher à son ordinaire, s’il y a au dessous un précipice, quoi que sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra.
Assise à mon balcon et je me demande, si celui-ci se décrochait,si je serais capable d'éprouver cette expérience comme les montagnes russes des fêtes foraines. J'adore les montagnes russes. La certitude de la sécurité permet de se plonger sans scrupules dans cette sensation folle, enivrante de tomber, tous les nœuds intérieurs se dénouant en jubilation. Mais la certitude de la sécurité n'est-elle pas, dans ses effets, équivalente à la certitude de l'impuissance ? Si je sentais soudain le balcon s'effondrer sous moi, chute inévitable et mortelle avec certitude, le mieux ne serait-il pas d'être capable en un instant de me ressaisir, et de développer assez de détachement pour jouir pleinement de l'expérience ?
Assise à mon balcon et pas tout à fait tranquille. Je ne peux pas m'empêcher de remarquer que mon corps n'est pas posé détendu sur la chaise, mais blotti crispé contre le mur, le plus loin possible de la rambarde en fer et du vide de quinze mètres au-delà. Et que ma peur n'est pas tant de tomber que de me jeter irrépressiblement dans le vide. De même mon écriture sur la page se tasse du côté opposé à la chute.
Assise à mon balcon, profitant du soleil, interrogeant du bout de la pensée mon inquiétude quant à la solidité de ce balcon dont je n'ai aucune raison de douter, et qui pourtant revient avec constance. Mais le plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu’il ne faut pour marcher à son ordinaire, s’il y a au dessous un précipice, quoi que sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra.
Assise à mon balcon et je me demande, si celui-ci se décrochait,si je serais capable d'éprouver cette expérience comme les montagnes russes des fêtes foraines. J'adore les montagnes russes. La certitude de la sécurité permet de se plonger sans scrupules dans cette sensation folle, enivrante de tomber, tous les nœuds intérieurs se dénouant en jubilation. Mais la certitude de la sécurité n'est-elle pas, dans ses effets, équivalente à la certitude de l'impuissance ? Si je sentais soudain le balcon s'effondrer sous moi, chute inévitable et mortelle avec certitude, le mieux ne serait-il pas d'être capable en un instant de me ressaisir, et de développer assez de détachement pour jouir pleinement de l'expérience ?
mardi 7 avril 2015
dimanche 5 avril 2015
A trois on se casse
Chérie, c'était bon, c'était doux, c'était tendre ce qu'on a fait, c'était chaud aussi, mais je t'avoue, "ton mec", il m'a gonflée.
Parce que j'ai pas aimé qu'il te déshabille d'autorité quand on a commencé à se rouler des pelles toutes les deux. J'aurais voulu qu'on prenne notre temps, qu'on profite du moment, j'aurais aimé t'enlever une à une toutes tes couches de vêtement, tu es si frileuse, c'est si mignon, j'aurais aimé te déshabiller lentement en prenant soin de toi, en respectant ta timidité. Et puis ça aurait été drôlement sexy de découvrir petit bout par petit bout toutes les merveilles que cachaient si bien tes vêtements.
J'ai pas aimé qu'il active les choses comme si tout ça c'était à propos de lui alors que vraiment c'était à propos de nous.
J'ai pas aimé qu'il te dise de faire des trucs, limite il te donnait des ordres, je suis pas contre un peu de dirty talk mais c'était pas respectueux.
J'ai pas aimé qu'il ramène sa queue dans le débat. Sérieusement. J'ai fait comme s'il était pas là parce que moi j'étais là pour toi, mais toi tu pouvais pas l'ignorer, vu que c'est "ton mec", et que visiblement dans votre couple l'homme propose et l'homme dispose aussi.
Oui je sais tu es timide. Oui je sais tu es évitante. Et tu es complexée. Et tu ne prends pas l'initiative. Et je ne suis pas certaine que tu soies bien au clair ni à l'aise avec tes propres désirs.
Mais justement, raison de plus pour les écouter.
Je ne suis pas sûre que tu n'aies pas, par facilité ou par crainte, pris l'habitude d'être "prise" sans avoir ton mot à dire et de considérer que c'était normal, que c'était mieux comme ça, que les hommes savent mieux que toi ce qui est bon pour toi.
Je veux être cette amante qui ne te contraint à rien, qui te demande si tu es d'accord, qui te donne du temps, qui respecte tes doutes et tes hésitations, qui guette sur ton visage et dans tes gestes les signes des émotions qui te traversent, qui préfère ne rien faire plutôt que contre ton gré, qui veut jouir avec toi et non de toi. Celle qui t'attire, et non celle qui te pousse.
"Ton mec" dirait peut-être, ou peut-être même il ne le pense pas consciemment mais se contente de fonctionner comme ça sans le savoir et je sais pas si c'est pas pire, que si on te force pas un peu la main tu feras rien, que pourvu qu'à la fin tu sois contente c'est pas grave si au début t'as pas vraiment eu le choix.
Je suis complètement en désaccord avec ça. Je pense le contraire. Je pense que si tu es à l'aise et en confiance, si tu te sens respectée et écoutée, tu apprendras à écouter tes propres désirs, tu les sentiras t'inspirer des actes audacieux ; si on arrête de t'envahir avec des désirs aliénés tu auras enfin l'occasion de faire connaissance avec les tiens ; tu éprouveras comme c'est merveilleux d'avoir envie de dévorer quelqu'un, tu deviendras cent, mille fois plus désirante si on laisse le temps à ton désir de naître au lieu de te l'imposer du dehors.
Et c'est pas par intérêt tordu que je dis ça, pour avoir une meilleure amante. Parce que si ton désir c'est juste de la tendresse, ou alors qu'on te foute la paix, c'est important de l'écouter aussi.
Parce que j'ai pas aimé qu'il te déshabille d'autorité quand on a commencé à se rouler des pelles toutes les deux. J'aurais voulu qu'on prenne notre temps, qu'on profite du moment, j'aurais aimé t'enlever une à une toutes tes couches de vêtement, tu es si frileuse, c'est si mignon, j'aurais aimé te déshabiller lentement en prenant soin de toi, en respectant ta timidité. Et puis ça aurait été drôlement sexy de découvrir petit bout par petit bout toutes les merveilles que cachaient si bien tes vêtements.
J'ai pas aimé qu'il active les choses comme si tout ça c'était à propos de lui alors que vraiment c'était à propos de nous.
J'ai pas aimé qu'il te dise de faire des trucs, limite il te donnait des ordres, je suis pas contre un peu de dirty talk mais c'était pas respectueux.
J'ai pas aimé qu'il ramène sa queue dans le débat. Sérieusement. J'ai fait comme s'il était pas là parce que moi j'étais là pour toi, mais toi tu pouvais pas l'ignorer, vu que c'est "ton mec", et que visiblement dans votre couple l'homme propose et l'homme dispose aussi.
Oui je sais tu es timide. Oui je sais tu es évitante. Et tu es complexée. Et tu ne prends pas l'initiative. Et je ne suis pas certaine que tu soies bien au clair ni à l'aise avec tes propres désirs.
Mais justement, raison de plus pour les écouter.
Je ne suis pas sûre que tu n'aies pas, par facilité ou par crainte, pris l'habitude d'être "prise" sans avoir ton mot à dire et de considérer que c'était normal, que c'était mieux comme ça, que les hommes savent mieux que toi ce qui est bon pour toi.
Je veux être cette amante qui ne te contraint à rien, qui te demande si tu es d'accord, qui te donne du temps, qui respecte tes doutes et tes hésitations, qui guette sur ton visage et dans tes gestes les signes des émotions qui te traversent, qui préfère ne rien faire plutôt que contre ton gré, qui veut jouir avec toi et non de toi. Celle qui t'attire, et non celle qui te pousse.
"Ton mec" dirait peut-être, ou peut-être même il ne le pense pas consciemment mais se contente de fonctionner comme ça sans le savoir et je sais pas si c'est pas pire, que si on te force pas un peu la main tu feras rien, que pourvu qu'à la fin tu sois contente c'est pas grave si au début t'as pas vraiment eu le choix.
Je suis complètement en désaccord avec ça. Je pense le contraire. Je pense que si tu es à l'aise et en confiance, si tu te sens respectée et écoutée, tu apprendras à écouter tes propres désirs, tu les sentiras t'inspirer des actes audacieux ; si on arrête de t'envahir avec des désirs aliénés tu auras enfin l'occasion de faire connaissance avec les tiens ; tu éprouveras comme c'est merveilleux d'avoir envie de dévorer quelqu'un, tu deviendras cent, mille fois plus désirante si on laisse le temps à ton désir de naître au lieu de te l'imposer du dehors.
Et c'est pas par intérêt tordu que je dis ça, pour avoir une meilleure amante. Parce que si ton désir c'est juste de la tendresse, ou alors qu'on te foute la paix, c'est important de l'écouter aussi.
mercredi 1 avril 2015
La voie sensuelle
Tu me demandes comment la recherche du plaisir sensuel pourrait être une voie spirituelle alors que tu la considères aliénation, obstacle, attachement aux sens.
Je te répondrai que le but n'est pas tant la jouissance que la rencontre de l'autre ; et que l'autre n'est pas, lui non plus, le but, car ce serait faire de lui un objet, une chose ; l'autre est à rencontrer pour faire ensemble, et ce que nous faisons ensemble est un chemin.
Je te répondrai : ni avidité, ni aversion, ni indifférence.
La caresse est chemin de méditation, plongée en soi et ouverture à la présence, discipline du geste et célébration de l'instant. Nul plaisir grossier dans cet effleurement de nos peaux où naît la joie parfaite.
Cosmique est ce premier moment où nos énergies se nouent l'une à l'autre. Traversés de courants immenses nous éprouvons le sacré. Sous tes doigts ma perception se démultiplie et je sombre en moi-même, toute à la sensation, et ainsi me livrant je m'oublie. J'éprouve ma perte et m'en défais en me donnant à tes mains ; détachée, sereine et souveraine je contemple d'un calme océanique l'ouragan auquel tu me livres. Et te recevant aussi, nos sens indivis, je te guide, intense, à travers les spasmes et la houle, vers l'abandon de toi. Ensemble nous vibrons, ensemble nous éprouvons notre disparition dans le sacré.
Parce qu'il y a la même différence entre la luxure et l'amour qu'ensemble nous cultivons qu'entre la pesanteur de l'estomac trop plein et qui cherche à se remplir encore et la création de la lumière.
Je te répondrai que le but n'est pas tant la jouissance que la rencontre de l'autre ; et que l'autre n'est pas, lui non plus, le but, car ce serait faire de lui un objet, une chose ; l'autre est à rencontrer pour faire ensemble, et ce que nous faisons ensemble est un chemin.
Je te répondrai : ni avidité, ni aversion, ni indifférence.
La caresse est chemin de méditation, plongée en soi et ouverture à la présence, discipline du geste et célébration de l'instant. Nul plaisir grossier dans cet effleurement de nos peaux où naît la joie parfaite.
Cosmique est ce premier moment où nos énergies se nouent l'une à l'autre. Traversés de courants immenses nous éprouvons le sacré. Sous tes doigts ma perception se démultiplie et je sombre en moi-même, toute à la sensation, et ainsi me livrant je m'oublie. J'éprouve ma perte et m'en défais en me donnant à tes mains ; détachée, sereine et souveraine je contemple d'un calme océanique l'ouragan auquel tu me livres. Et te recevant aussi, nos sens indivis, je te guide, intense, à travers les spasmes et la houle, vers l'abandon de toi. Ensemble nous vibrons, ensemble nous éprouvons notre disparition dans le sacré.
Parce qu'il y a la même différence entre la luxure et l'amour qu'ensemble nous cultivons qu'entre la pesanteur de l'estomac trop plein et qui cherche à se remplir encore et la création de la lumière.
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