J'étais depuis cinq bonnes minutes en train d'accomplir nue les divers rituels de ma toilette du soir quand je remarquai pour la première fois, en face de ma fenêtre, une fenêtre allumée et, se détachant sur celle-ci, une silhouette en ombre chinoise qui par-delà la cour regardait dans ma direction.
Frodon sous l'oeil du Mordor ne connut pas plus grand effroi. Un pas en arrière pour sortir de l'angle de vue, puis à tâtons chercher l'interrupteur pour ensuite, protégée par l'obscurité, examiner à loisir cette personne obscure qui continuait à scruter la fenêtre de ma salle de bain en finissant sa cigarette.
Et je me demandais quel plaisir, quelle curiosité il y avait à observer secrètement, dans l'éclairage cru d'une salle de bains, une inconnue au corps amolli par la fatigue de la journée faire ces gestes pas très gracieux que l'on fait le soir pour se préparer au coucher, se brosser les dents, se laver le visage, je me demandais si pour mon voyeur c'était comique, grotesque ou alors excitant, de me voir prendre des positions pas flatteuses ni érotiques, en tout cas pas étudiées, peut-être comme les baigneuses de Bonnard, des postures que l'on prend quand on se croit seule, une intimité particulière liée à cette crudité de la toilette, quelque chose de touchant dans la vulnérabilité des chairs malhabiles, le corps deux fois plus nu, puisqu'il ne s'étudie pas.
Je suis convaincu qu'avec la distance – et d'autres ingrédients – votre corps n'avait pas l'air « amolli » pour votre observateur.
RépondreSupprimerEt quel plaisir, quelle curiosité ? je vous aide : le plaisir de voir quelque chose qu'on ne devrait pas voir (un petit goût d'interdit), le plaisir de partager l'intimité d'une femme sans la déranger (enfin, en principe), la curiosité d'autrui, le plaisir de voir votre jolie paire de seins amollis – ou pas – (je suis sûr qu'ils font un délicieux objet d'attentions).
Votre imagination vous joue des tours... Je pense que vous saisissez mal le glauque de la situation.
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