C'était un de ces rêves juste avant le réveil, où tu rêves si fort parce
que tu sens bien que tu es en train de remonter doucement vers la
surface.
ça se passait sur un paquebot. Quelqu'un de ma famille m'annonçait que
nous devions revoir mon oncle le lendemain matin. Ses cendres, sans
doute, ai-je pensé.
Alors je regardais la mer et j'ai senti un cri énorme monter en moi, me
déchirer la poitrine, animal primaire, une colossale lamentation, je
regardais la mer bleu glauque et je voyais mon cri glisser par vagues
sur les flots, vider une bonne fois pour toutes tout ce que j'avais à
crier, peur, colère, regrets, larmes, quel soulagement, je criais et
criais, rauque, grave, l'accomplissement de mon deuil final, c'était
tellement satisfaisant de laisser aller tout cela, comme si j'avais
enfin appris comment tout relâcher d'un coup, et sur le pont du navire
je me cachais de mes proches de peur qu'ils n'essayent de m'arrêter, je
me planquais pour pouvoir continuer à crier, je criais dans des recoins, je criais cachée, je criais pliée dans l'ombre, mais toujours, contorsionnée, les yeux fixés sur la mer qui soutenait mon cri.
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