mardi 23 décembre 2014

Tuer le père

Tuer le père n'est pas éliminer le géniteur. Ce n'est pas parce qu'on partage la moitié de ses gènes qu'il faut tuer le père. Tuer le père n'est pas tuer celui qui protège - d'ailleurs tous les pères ne protègent pas ; ni tuer le modèle : tous les pères ne sont pas des modèles, ni des anti-modèles.

Alors qui est le père, pour qu'on le tue ?

Le père à tuer est celui qui se juge propriétaire des corps de tous ceux - femmes, enfants, enfants devenus adultes - qui partagent son existence. Il interdit la joie. Il interdit le désir - le sien seul a droit de cité. Il interdit la liberté. Son jugement seul compte.

Je crois que dans tout groupe partageant des liens affectifs peut apparaître, d'une manière ou d'une autre, un tel père. Je crois aussi que chacun de nous héberge un père en lui. Ce père est le nom de tout ce qui emploie son énergie à faire obstacle. Et ce père est toujours à tuer, au moins symboliquement.

2 commentaires:

  1. Chacun de nous héberge un père en lui, oui… Et je pense que cette prise de conscience est indispensable pour pouvoir se risquer à tuer le père, sans se tromper de cible.

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  2. Oui, exactement. Ne pas continuer à naviguer sur le père intérieur.

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