dimanche 27 juillet 2014

Du refus

Depuis que j'ai commencé à faire moi-même le premier pas, je prends contact avec cette réalité que : beaucoup d'hommes ne veulent pas de moi. Pour toutes sortes de raisons.

Parce qu'ils respectent un principe de monogamie dans leur couple.
Parce qu'ils ne comprennent pas qu'étant moi-même en couple, je puisse ne pas être monogame.
Parce qu'ils sont mal à l'aise avec une femme qui exprime ouvertement son désir.
Ou tout simplement parce que je ne leur plais pas : ça arrive.

Je n'aurai jamais accès aux raisons profondes de leur refus. Parce qu'ils ont le droit de ne pas vouloir les exprimer, ou de cacher les véritables. Et qui suis-je pour exiger des justifications ? Qui serais-je si je discutais ? Un non est un non. Ton refus est pour moi sacré.

Je suis une femme. Je n'ai pas l'habitude d'être refusée. Mais c'est simplement que je n'ai pas l'habitude de demander, d'initier la rencontre. Ces refus nombreux font partie du roman d'apprentissage de n'importe quel homme, dans notre culture où l'on considère que l'homme doit faire la demande. Et de ces refus j'apprends qu'ils ne sont pas négatifs, mais porteurs de vie. Ils me sortent de la douloureuse incertitude. Ils soulagent la tension de l'attente. Me font faire l'expérience de la belle liberté de l'autre. Me rendent la mienne en me permettant de me déprendre. Et dès que j'ai montré mon désir, cela devient pour moi plus facile, puisqu'alors la balle est dans ton camp, ce n'est plus de ma responsabilité, à toi de te débrouiller avec cette petite bombe que je te lance.

Ce parcours, je l'entame si tard, il m'a fallu si longtemps, vingt ans pour comprendre que je pouvais, moi aussi, initier la rencontre, que je n'étais pas obligée d'attendre passivement que l'on me cueille, que je pouvais moi aussi choisir, même si cela implique évidemment dans ce cas la possibilité du refus, et je chéris ce refus puisqu'il est le signe que j'ai osé, que j'ai eu le courage de me découvrir.

Ainsi en disant simplement tu me plais je joue contre deux clichés à la fois.
Celui qui voudrait que les femmes aient moins de désir que les hommes.
Et celui qui prétend que les hommes, mûs par leur appendice génital, ne sauraient pas dire non à une partie de plaisir offerte.
C'est loin, très loin d'être le cas.

7 commentaires:

  1. Jolie mise a distance d'une situation désagréable afin d’éviter une blessure narcissique. Mettre du sens du sens sur les choses en faisant preuve d'empathie me semble être une bonne démarche.

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  2. Mise à distance ? Je ne crois pas en être capable :-)

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    1. La dignité est de savoir accepter le refus autant que de savoir se refuser.

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  3. Le désir féminin... On l'espère tellement qu'il finit pas nous faire terriblement peur lorsqu'il apparaît, jusqu'à refuser d'y croire ou de s'y soumettre.

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    1. Oh ! Vous ici ! Et moi qui vous croyais déjà mort !
      Votre visite a donné une violente érection à mes statistiques, savez-vous.

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. Etre à l’origine d’une érection vous concernant, (ne fusse-t-elle que relative aux statistiques) est pour moi un grand honneur !

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