mercredi 28 mars 2012

Début

Ces coups durs que vous m'aviez donnés à la tête, aux tempes, et qui m'avaient laissée sonnée quelques heures, c'est cela - et non votre méchante humeur, et non votre désintérêt - qui m'a finalement décidée à provoquer notre rupture.

Comprenez-moi : une part de moi trouve la mort de Marie Trintignant admirable.

Mais une part de moi craignait que vous me laissiez seulement à moitié morte. Stupide, un légume, pour le restant de mes jours, le cerveau affecté, mais pas assez pour faire cesser l'orbe obstinée des fonctions vitales. Une part de moi craignait que vous n'alliez pas au bout. Que vous ne soyez pas la grande, la belle peur. Mais juste assez de hargne pour m'abimer, sans la ténacité pour me ravir.

C'était il y a si longtemps. Six ans bientôt, en un radieux printemps. Quelques fois je crois que vous avez effectivement réussi. A me rendre sotte. Chaque fois que ma mémoire se dérobe, que ma concentration fluctue, lorsque j'échoue, lorsque je sens mon cerveau comme un bloc de ciment au-dessus de mes yeux, non douloureux, mais simplement opaque, obscur, un matériau non conducteur de plus aucune pensée, numb, je me demande si cela se produisait aussi avant, ou si c'est le résultat de vos coups, qui m'ont estropiée à vie.

Ainsi j'aurai gardé quelque chose de vous.

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